La Figuière en héritage

Littérature française
Livre non disponible à l'échange
Éditeur : Presses de la Cité
Parution : 3 avril 2008
Langue : Français
Format : Grand/Moyen
Nb. de pages : 315 pages

Résumé

Tous les vents semblaient s'être donné rendez-vous sur le piton rocheux qui dominait le village de Puyvert. Une barre de nuages surmontait le haut de la crête. Les chênes, les châtaigniers, les hêtres et les sapins s'étageaient au-dessus de la houle des genêts et des fougères rousses. Chaque fois qu'elle le pouvait, Mélanie partait, loin, avec ses chèvres. Levée avant le jour, rentrée à la tombée de la nuit, elle n'avait pas peur tant qu'elle se trouvait au-dehors. Dès qu'elle apercevait la ferme du Cavalier, son ventre se nouait, elle se mettait à trembler. D'instinct, elle marchait alors plus lentement, comptait ses bêtes, des Rove robustes et fières, aux cornes en forme de lyre, et caressait Pataud, le chien au pelage fauve qui lui tenait chaud la nuit. Dressée au bout du chemin, accrochée à la pente, construite sur trois niveaux, la ferme des Duruy en imposait, avec ses murs en granit et ses toits couverts de tuiles canal. Elle avait été apportée en dot par la Grande, la mère du maître, qui, à quatre-vingts ans bien sonnés, ne quittait plus lou caïre, son coffre-banc placé à côté de l'âtre. Sous son siège, on gardait le sel, denrée précieuse, au sec. Mélanie rentrait déjà les chèvres à l'étable, les trayait avant de pénétrer dans la salle. Elle se serait volontiers attardée auprès des bêtes car elle s'y sentait plus en sécurité. Joseph, le maître, dédaignait les chèvres. Il était pourtant satisfait quand sa femme, Augustine, rapportait du marché le produit de la vente de ses fromages. Mais, comme disait la Grande en faisant claquer sa langue : «Morceau avalé n'a plus de goût !» Joseph Duruy s'empressait de dépenser l'argent, à Saint-Pierreville ou au cabaret du village, et revenait, la main levée, l'insulte à la bouche. Il lui suffisait d'élever le ton pour que toute la maisonnée marche sur la pointe des pieds et baisse la tête. Augustine, surtout, craignait son mari depuis le soir de ses noces, où il lui avait administré une solide correction sous prétexte qu'elle avait lancé une oeillade à son cousin. Elle avait eu cinq enfants, dont deux seulement avaient survécu, avant de ne plus avoir ses «périodes», ce qui lui avait valu de nouveaux coups. Son mari l'avait accusée d'être allée voir la mère Boutonne, une guérisseuse qui venait en aide aux femmes. Augustine avait eu beau protester de son innocence, Joseph n'en avait pas démordu. Il lui fallait un garçon, il avait besoin de bras. Les pisseuses ne lui seraient d'aucune utilité pour tirer la charrue. Mais, bien sûr, sa femme ne savait faire que des filles ! Et, comme si cela ne suffisait pas, il avait fallu que la «meneuse» leur ramène de Lyon cette gamine qui avait hurlé sans discontinuer les deux premières nuits.

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